dimanche 30 septembre 2018

Poème @Bleue, Mes automnes

Mes automnes

La main droite
sur la table ronde en bois de la cuisine
une carte à jouer
le pouce se pose sur son dos
les lignes forment des carreaux
du noir et un vieux marron
la faire glisser sur le bord
la pince est complète
l'autre main se déplace
la carte voyage
une autre pince
la main libre tourne son destin vers l'ampoule
la poser en douceur sur son majeur
resserrer l'index et l'annulaire
la carte s'immobilise
c'est le moment
une rotation vers la gauche
elle est démasquée
blanche
un crayon
je dessine
feuille rouge
miel et brindilles
un feu de cheminée
l'automne vient de se lever
quelque part
je joue ma dernière carte

Poème @Bleue

lundi 24 septembre 2018

Leurs and my time, René Guy Cadou

Leurs and my time : c'est l'heure, j'attrape un de leur poème, je récupère une partie de leur vie et j'écris un poème @Bleue.

René Guy CADOU (1920 - 1951 > 31 ans)

Né un 15 février à Sainte-Reine-de-Bretagne, il grandit dans une ambiance de vie paysanne. Puis viendra à 7 ans à Saint-Nazaire la découverte de la ville et du cinéma populaire. La mort de sa mère Anna en 1932 plongera l'adolescent dans une mélancolie profonde. La nostalgie de Sainte-Reine et de cette enfance terrienne, végétale et heureuse, mais aussi la ville et sa vie ouvrière, et la mort hanteront plus tard sa poésie comme dans l'un de ses poèmes célèbres "Les fusillés de Chateaubriant", qui revendique dans ce ton si personnel de sa poésie, la liberté, l’amour, la fraternité des hommes contre la barbarie. En 1943, débute une correspondance poétique et amoureuse avec Hélène Laurent (1922-2014), poète. La maladie l'emporte dans la nuit du 20 mars 1951.

Les amis d'enfance

Je me souviens du grand cheval
Qui promenait tête et crinière
Comme une grappe de lumière
Dans la nuit du pays natal.

Qui me dira mon chien inquiet,
Ses coups de pattes dans la porte,
Lui qui prenait pour un gibier
Le tourbillon des feuilles mortes

Maintenant que j'habite en ville
Un paysage sans jardins,
Je songe à ces anciens matins
Tous parfumés de marguerites.


Ta flèche où que je sois

Je me souviens des essaims d'ablettes
Qui brillaient carapace et écailles
Comme un navire aux allures animales
Dans l'anse de la rivière à facettes.

Qui me chantera le pré humide,
Ses fleurs de graminées entre les doigts,
Lui qui prenait pour des rapides
La traversée des galets et des bois

Maintenant que j'oublie mes tripes
Un visage sans souvenir,
Je noie mes chagrins-alunir
Tous embrumés de mes bribes.

Poème @Bleue, Ta flèche où que je sois

jeudi 20 septembre 2018

Poème @Bleue, Elle m'ébleuit

Elle m'ébleuit

un bleu méthane
elle m'étonne
un bleu ciel
si elle veut
un bleu roi
devenir reine
un bleu céleste
elle sait l'être
un bleu persan
à sans pour-cent

dimanche 16 septembre 2018

Citation, Arthur Schopenhauer

Si la philosophie est restée si longtemps effort vain, écrit-il, c’est qu’on l’a cherché sur le chemin des sciences au lieu de la chercher sur le chemin de l’art.

L’originalité de Schopenhauer, c’est qu’il nous propose de changer la direction de notre attention. Le philosophe a ressemblé jusqu'ici « à quelqu’un qui ferait le tour d’un château pour en trouver la porte et qui, ne la trouvant pas, dessinerait la façade » mais c’est qu’il n’a pas fait attention que chaque fait est une porte et que ce château mystérieux est en vérité une Thèbes aux cent portes; seulement, bien loin de lier les représentations les unes aux autres, il faut les isoler, s’arrêter à chacune d’elles; le mouvement qui nous emporte de l’une à l’autre (et qui nous est nécessaire pour vivre: car notre vie dépend de notre prévision de l’avenir, et cette prévision, du lien des faits entre eux) doit s’arrêter. Il n’y a rien de mystérieux dans cet arrêt ; il se produit chez tout homme, dès que le besoin de vivre est momentanément satisfait ; alors l'homme se repose, et avec l’arrêt commence l’étonnement, l’inquiétude ; il s'étonne de l’existence ; il s’étonne de la mort ; il s'étonne de souffrir.

Arthur Schopenhauer

samedi 15 septembre 2018

Poèmes @Bleue, Juste après l'article 22

Juste après l'article 22

                                                                                

                                                           Je vais poser du silence
                                               

                                                                                            pour ce nombre

                                                                    un lien
                                                                    un collier peut-être
                                                                    un boulier

                                                                                            la vingt deuxième
                                           une prière
                                           un bouclier
                                           et un cordon de chanvre


*** *** ***
                                                                                            Bleue
                                                                                            planète de feu
                                                                                            vingt deux

                                    les chiffres d'une naissance
                                    2+2+1+0+1+9+7+0
                                    les chiffres d'un nom
                                    ALLIX, 1+3+3+9+6

*** *** ***

                                  
                                    Je marche avec des symboles
                                                                                            cathédrale
                         pierres froides sur mes clochers en sueurs
                                                                                                         arcane
              mat invisible, pilier sous l'arche de la sagesse et de mes folies
                                                                                                                    titane
     métal léger sur mes alliages, mélanges de rouilles et de pages blanches
                                                                                                                            silence

vendredi 14 septembre 2018

Poème @Bleue, Les grandes dunes

Les grandes dunes

Le château de mes pensées
est dans le sceau de cet enfant rieur
il prend la forme de ce qui l'entoure
et tremble à peine construit
l'autre enfant est moins rieur
et de son râteau
il vient parfois faire de moi
une masure sans contour
et
un paysage à créneaux
mâchoires hachurées
dents percées
cartes sciées
me voilà perdue
attendant
la prochaine marée
mal de mère oubliée
sur la plage de mes quarante cinq années
je dessinerai mes éphémères
je les prendrai en photo
et les brûlerai aussitôt
pour les voir fondre
sous l'effet des eaux
sous l'effet du feu
et dans un grand bol d'air
je me glacerai tout au fond
je me réchaufferai tout en haut
une eau se vide
un souffle s'éteint
j'aurai vécu plusieurs vies

mardi 11 septembre 2018

Poème @Bleue, J'ai pensé

J'ai pensé

Cette saison
le vent
et les flots à l'envers

J'ai pensé : "vas-y, fais le vite,
efface le temps pour qu'il se plisse,
vas-y, souffle plus fort,
que je puisse attraper deux trois vagues
et les coudre."

C'est le temps qui se glissera à l'intérieur
un sable fin du bord des saisons
un revers d'amain
mon angevin
un ourlet finement cousu
qui se remplira
des poussières qui nous rencontrent

Et puis un son
le temps pleurait
il avait peur

J'ai pensé : "tu y es presque, continue,
souffle, souffle encore plus fort,
il se replie,
il sait qu'il va finir sa vie entre mes plis,
et les épices pour lesquelles je me battais
vont se dissoudre
et le flacon qui les contenait,
forme divine,
va se briser
et le morceau qui disparaît
ne sera jamais remplacé."

Mais cet été va mourir
je le croyais pris au piège
Il a brisé l'aiguille qui pendait autour de mon cou

J'ai pensé : "pourquoi tu continues de souffler,
pauvre fou,
veux-tu que je te pique ?
mais tu ries !
tu as raison,
mes coutures n'ont pas tenu
et mes cicatrices ne s'effacent pas
elles s'agrandissent,
mais tu continues ?
tu me nargues ? tu te moques ?
c'est donc toi que j'entendais !
et tu me réponds
je deviens folle
que le temps n'existe pas pauvre folle."

Et puis des silhouettes sur une bateau à vapeur
avec des chapeaux et de grandes robes
peut-être un voyage à travers le temps
ma pauvre tête à l'envers
avec des balconnières
les fleurs séchées qui ornaient les salons ont rejoint le feu
des balconnières fraîches, rouges
que cet été meurtrier aura épargné
parce que ma main les aura protégées
d'une ombre animale
qui savait
malgré moi
malgré mes envies de tempêtes
qu'après l'été, que je retenais en vain,
il y aurait cet autre automne qui n'existe pas encore
je le sais le vent
le poète à l'arrosoir
et les balconnières promettent des graines
que le vent ira semer où bon lui semble

Mes épices auront brûlé
mais le flacon infirme continue de me boire
il se reconstitue après chaque été mort
amputé
il se reconstruit
plus petit
matière arrachée

Et les hirondelles s'attroupent et les fils balancent
il n'en faut pas plus pour sentir le vertige et la trahison
des images en arrière
des images d'archives désormais
avec des arrêts parfois
comme si j'avais à portée de ma main nouvelle
un bouton pour relancer le film des minutes vers l'avant

J'ai pensé : "il y avait du vent dans mes cheveux d'autrefois, dans mes cheveux d'avant."

J'ai pensé : "n'aies pas peur de lui,
regarde ta balconnière
ta peau en sueur
ta naissance
regarde bien
et le vent te dira que tu n'es plus folle
l'été n'est pas perdu."

J'ai pensé encore : "lance une pièce de monnaie
mais,
je ne l'ai pas fait,
ce vent,
le malicieux,
aurait été fichu de la poser sur la tranche."

Je n'y pense plus à présent. Il pleut enfin.

vendredi 7 septembre 2018

mardi 4 septembre 2018

Poème @Bleue, Rail


Rail             (Crédits : FOTOMELIA / Par SOSOA)
Un long chariot qui avance en traversant les époques
cheval
trait
oiseau du ciel
avion
aviateurs
un carreau de pluie
des traverses et des rails
je marche
j'attraperai le dernier métro
le chariot se remplit
mais où va-t-on ?
des chevaux
des vitesses
un virage
et des portes fermées
le vent glissera par le soupirail
et emportera ses cheveux d'ange
des manettes
et des piles à moitié usées
une ligne à grande vitesse
et des grèves pour mieux voir les bateaux
voile
derrière
se cacher et disparaître
un mur
et des balles qui sifflent
un train
un enfer
et des barreaux qui ne veulent pas plier
le vent claquera la porte
et pincera son rire du bout des doigts
aïe
que vaille
il est dix neuvième
il est vingtième
il est avant
il est après
vaille
ballot de paille
bonhomme immobile
corbeaux
le chariot devient charrette
un chapeau
ah ah bravo
le vent arrachera mes brins, mes cheveux et mes rires
et je quitterai le rail en regardant monter les suivants

dimanche 2 septembre 2018

La couleur Bleue, par Alisonne Sinard


Le bleu, cette couleur rapide, ironique ou infinie pour Klein, Asse et Hockney

https://www.facebook.com/bleu.dhelix/posts/841462486041286?__xts__%5B0%5D=68.ARAXbRRC8601kCcjMafrRSZfvG4Q3BP3ASq2CP7EeR7PcM1FwH0qcBKkRPgZvEg40kQrPOqiaoEaTSDO0gvvQolJEBml9AmQ6UjjekRhjlJMynvqh70RS-KmLMjIcCUHamHByNU&__tn__=-UC-R

Yves Klein



Musée d'art Moderne de Nice, Bleu
Crédits : J-M EMPORTES / ONLY FRANCE - AFP







Geneviève Asse

"Le bleu a quelque chose de rapide. Il passe, dans les nuages, dans l'espace. C'est une couleur qui bouge. Il y aussi une sorte de transparence, aussi bien dans la pluie, dans un mur. Pas un monochrome. C'est une couleur qui bouge, c'est-à-dire qui vibre. Il y a toujours le geste du peintre qui fait bouger ce bleu et qui fait un appel pour y rentrer."

David Hockney

 "Ma fascination pour l'eau est née ici, avec toutes ces piscines. Mais je me suis toujours aussi posé aussi la question : comment peindre l'eau ? Comment peindre quelque chose de transparent ?"

La poésie, c'est quoi la poésie @Bleue ? VO.2.A

La poésie, c'est une table avec quatre pattes et un plateau, la poésie, c'est quand tu t'assois dans la pièce où se trouve cette table.

La poésie, c'est quoi la poésie @Bleue ? VO.1.A

La poésie, c'est quand tu prends ton couteau sur ton bateau, la mer s'épaissit et devient de la confiture.