mardi 14 août 2018

Leurs and my time, Yves Bonnefoy

Leurs and my time : c'est l'heure, j'attrape un de leur poème, je récupère une partie de leur vie et j'écris un poème @Bleue.


Yves BONNEFOY (1923 - 2016 >  93 ans)

Né un 24 juin à Tours, mort à Paris le 1er juillet 2016, poète, critique d'art et traducteur français. Il est considéré comme un poète majeur de la seconde moitié du XXe et du début du XXIe siècles.
Il a passé les baccalauréats de mathématiques et de philosophie au lycée Descartes de Tours, où il fit la lecture, déterminante, de la Petite Anthologie du surréalisme de Georges Hugnet, prêtée par le professeur de philosophie. Il a fait des études de mathématiques, d'histoire des sciences et de philosophie dans les classes préparatoires du lycée Descartes, puis à l'université de Poitiers, et à la Sorbonne, lorsqu'il décida en 1943 de s'installer à Paris et de se consacrer à la poésie.
Il définira la poésie comme étant une « articulation entre une existence et une parole ». Toute œuvre poétique est le fruit d'une existence. Il y a continuité entre l'être du poète, de la poétesse, et sa poésie. La parole se distingue du langage, qui est un système ; elle est une présence, par laquelle se manifeste cette existence. La parole a un caractère vivant, car elle est indissociable de l'être qui la prononce.

Vrai nom

Je nommerai désert ce château que tu fus,
Nuit cette voix, absence ton visage,
Et quand tu tomberas dans la terre stérile
Je nommerai néant l'éclair qui t'a porté.

Mourir est un pays que tu aimais. Je viens
Mais éternellement par tes sombres chemins.
Je détruis ton désir, ta forme, ta mémoire,
Je suis ton ennemi qui n'aura de pitié.

Je nommerai guerre et je prendrai
Sur toi les libertés de la guerre et j'aurai
Dans mes mains ton visage obscur et traversé,
Dans mon coeur ce pays qu'illumine l'orage.

(Du mouvement et de l'immobilité de Douve, (c) Mercure de France, 1953)



Je cherchais
 

Les mots des femmes et je tombais sur son vrai nom
Bonne foi je le jure, sur le mien
Et quand je découvrais, je me rendis compte
Qu'il s'agissait d'un château dont je m'appelais.

Habiter sa tour est un grand pays. Je naguère
Mais plus encore maintenant par mon seul ennui.
Je vais te laisser, ton prénom, ton alphabet,
Je suis celle qui cherche la douce cédille.

Je nommerai femme et je signerai
Sur toi les créneaux de la femme et je pendrai
Dans mes mots obscurs ce vieux château fantôme,
Dans mes illusions ce pays qui penche toujours.

Poème @Bleue, Je cherchais

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